J'aime attendre pendant des heures que tombe la pluie. Que du sens se crée tout seul comme par magie. J'aime écouter le temps qui passe sans jamais sourciller. Sans se demander de quoi demain sera fait. Secondes à la chaîne du matin au soir. Le temps a-t-il jamais connu le désespoir. J'aime sentir mon corps qui se plie, s'enlaidit. Gros tas qui prend sa place au milieu de la vie. Tentative véhémente d'être enfin assouvi. J'aime les phrases qui se suivent, se font et se défont. J'aime les mots qui sonnent comme des araignées au plafond. Des blablas inconstants, poisseux, inconsistants. Des émotions moulues au gré de mes néants. J'aime être partout et nulle part à la fois. J'aime qu'on ne m'attrape pas, et que mes mots soient froids. Qu'ils ne laissent dessiner qu'un infime désarroi, dans l'esprit du pauvre pêcheur qui s'y noie. Surtout ne t'éloigne pas si tu nages par ici. Tu pourrais être happé par un banc de folie.